Alors que certains imaginent que
Notre-Dame-des-Landes serait le 4ème aéroport de Paris, il convient
de s'intéresser au destin de l'aéroport de Vatry, souvent considéré
comme le 3ème aéroport parisien, pour le fret.
Doté d'une piste de 3860 mètres,
l'une des plus longues d'Europe, et bien placé au sud-ouest de
Reims, à proximité des voyageurs venant visiter Dysneyland Paris,
c'était d'abord une ancienne base militaire de l'OTAN, qui a été
transformée à grands frais en grand centre logistique, suite à une
décision du département de la Marne. Le premier vol commercial a
lieu le 21 janvier 2000.
Pour renforcer la proximité (relative)
avec Paris, la dénomination marketing de cet aéroport devient alors
« Aéroport Paris Vatry ». Manque de chance, la société
de fret DHL, pressentie pour venir à Vatry quand elle voulait
quitter Bruxelles, a préféré s'installer sur l'aéroport allemand
de Leipzig.
Le développement est donc resté
modeste, centré sur le fret (denrées périssables de fruits,
légumes, fleurs coupées d'Afrique orientale), avec aussi un modeste
trafic charter et il est vrai l'activité de la compagnie à bas
coûts Ryanair, qui aurait reçu des subventions publiques pour un
montant de 1,55 millions d'euros, et peut-être plus selon des
accords très discrets, pour assurer des rotations vers la
Scandinavie.
En 2009, la compagnie Avient, qui
assurait 70% du trafic de l'aéroport, a décidé de se redéployer
en Belgique. Catastrophe !
L'aéroport de Vatry avait investi en
2007 dans un second terminal cargo, portant la capacité de
manutention à 120 000 tonnes par an. Mais malheureusement le tonnage
de fret, après avoir culminé à 40 000 tonnes en 2008, n'a pas
cessé de baisser, jusqu'à 4 585 tonnes seulement en 2015, tandis
que le nombre de passagers n'arrive toujours pas à progresser.
Tout ceci est vérifiable sur
Wikipédia. Mais il faut lire Les Échos de ce lundi 4 juillet 2016
(page 16), qui annonce carrément la liquidation de la société
délégataire, « plombée par un déficit record ». En
« solution de dernière chance », c'est le département
de la Marne qui a décidé à partir de ce mois de juillet de
reprendre l'aéroport en régie directe.
Qu'importe, le contribuable paiera :
puisque la Marne fait partie de la fameuse région Grand Est, qui
s'étend démesurément de Strasbourg à la région parisienne, son
président (LR) Philipppe Richert a assuré qu'il injectera 3,5
millions dans l'aéroport. Fuite en avant ?
Quand au président du département
de la Marne, René-Paul Savary (lui aussi élu LR), il assure la
main sur le cœur que « cet aéroport est en avance sur son
temps. Il faut vingt ans pour installer un tel équipement. Nous
devons tenir ». Ben voyons !
Au moins, les contribuables bretons et
ligériens sont prévenus de ce qui les attend si
Notre-Dame-des-Landes était construit en dépit de toute prévision
économique sérieuse : ils mettront la main au bassinet, et
pendant de longues années.
Les Echos, 4 juillet 2016