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lundi 4 juillet 2016

NDDL fera-t-il faillite comme le « troisième aéroport parisien » de Châlons-Vatry ?


Alors que certains imaginent que Notre-Dame-des-Landes serait le 4ème aéroport de Paris, il convient de s'intéresser au destin de l'aéroport de Vatry, souvent considéré comme le 3ème aéroport parisien, pour le fret.

Doté d'une piste de 3860 mètres, l'une des plus longues d'Europe, et bien placé au sud-ouest de Reims, à proximité des voyageurs venant visiter Dysneyland Paris, c'était d'abord une ancienne base militaire de l'OTAN, qui a été transformée à grands frais en grand centre logistique, suite à une décision du département de la Marne. Le premier vol commercial a lieu le 21 janvier 2000.

Pour renforcer la proximité (relative) avec Paris, la dénomination marketing de cet aéroport devient alors « Aéroport Paris Vatry ». Manque de chance, la société de fret DHL, pressentie pour venir à Vatry quand elle voulait quitter Bruxelles, a préféré s'installer sur l'aéroport allemand de Leipzig.
Le développement est donc resté modeste, centré sur le fret (denrées périssables de fruits, légumes, fleurs coupées d'Afrique orientale), avec aussi un modeste trafic charter et il est vrai l'activité de la compagnie à bas coûts Ryanair, qui aurait reçu des subventions publiques pour un montant de 1,55 millions d'euros, et peut-être plus selon des accords très discrets, pour assurer des rotations vers la Scandinavie.

En 2009, la compagnie Avient, qui assurait 70% du trafic de l'aéroport, a décidé de se redéployer en Belgique. Catastrophe !

L'aéroport de Vatry avait investi en 2007 dans un second terminal cargo, portant la capacité de manutention à 120 000 tonnes par an. Mais malheureusement le tonnage de fret, après avoir culminé à 40 000 tonnes en 2008, n'a pas cessé de baisser, jusqu'à 4 585 tonnes seulement en 2015, tandis que le nombre de passagers n'arrive toujours pas à progresser.

Tout ceci est vérifiable sur Wikipédia. Mais il faut lire Les Échos de ce lundi 4 juillet 2016 (page 16), qui annonce carrément la liquidation de la société délégataire, « plombée par un déficit record ». En « solution de dernière chance », c'est le département de la Marne qui a décidé à partir de ce mois de juillet de reprendre l'aéroport en régie directe.

Qu'importe, le contribuable paiera : puisque la Marne fait partie de la fameuse région Grand Est, qui s'étend démesurément de Strasbourg à la région parisienne, son président (LR) Philipppe Richert a assuré qu'il injectera 3,5 millions dans l'aéroport. Fuite en avant ?

Quand au président du département de la Marne, René-Paul Savary (lui aussi élu LR), il assure la main sur le cœur que « cet aéroport est en avance sur son temps. Il faut vingt ans pour installer un tel équipement. Nous devons tenir ». Ben voyons !

Au moins, les contribuables bretons et ligériens sont prévenus de ce qui les attend si Notre-Dame-des-Landes était construit en dépit de toute prévision économique sérieuse : ils mettront la main au bassinet, et pendant de longues années.


Les Echos, 4 juillet 2016