OBSLAB

OBSLAB

dimanche 16 novembre 2014

L'OBSLAB consulté par Ouest-France à propos de la déclaration du ministre sur les grenades offensives.


Le ministre de l'intérieur a déclaré cette semaine interdire un certain type de grenades offensives, comme suite à la mort tragique de Rémi Fraisse à Sivens, et a publié le rapport suivant (41 pages) :
http://www.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Sivens-rapport-de-l-IGPN-et-de-l-IGGN

A la suite de cette actualité, la rédaction nantaise de Ouest-France a publié le sur-lendemain samedi 15 novembre 2014 un article "Les grenades interdites, pas les flahsballs".

Dans la journée du vendredi 14,  l'OBSLAB a été contacté par Ouest-France pour faire part de ses réactions. Nous avons d'abord demandé que les blessés de Nantes et leurs familles soient entendus. D'autre part nous avons envoyé vendredi midi notre réponse écrite à Ouest-France, laquelle a été simultanément rendue publique en temps réel sur Facebook.

https://www.facebook.com/luc.douillard/posts/868672493163999?pnref=story

La voici :


1 - La décision du ministre ne change pas grand chose en ce qui concerne les autres types de grenades à effets très dangereux et surtout laisse se développer ce grand problème de société et de santé publique qu'est la généralisation du nouveau flashball militarisé "lanceur de balle de défense" - LBD : une arme de tir persuasif dotée d'une visée laser qui permet techniquement de ne plus jamais rater un visage s'il est ciblé volontairement, et de perpétrer une exécution extra-judiciaire. C'est un problème vraiment criant dans la ville de Nantes, "capitale européenne du LBD" avec au moins cinq jeunes gens rendus infirmes à vie depuis 2007 (dont quatre lors de manifestations revendicatives) : Pierre, Quentin, Damien, Emmanuel, Davy.
Il faut interdire cette arme qui provoque plus de désordre qu'elle n'en résout.
Il faut en quelque sorte désarmer le maintien de l'ordre pour qu'il redevienne professionnel et républicain.


2 - Le ministre n'aborde aucunement le problème de l'éducation des forces de l'ordre hérité de l'ère Sarkozy-Guéant, alors que nous constatons de graves atteintes à la dignité humaine à Nantes avec des policiers qui lancent des défis provocateurs aux jeunes, ou des escadrons de la Bac en civil affublés de têtes de mort et qu'on voit rire et se réjouir en se lançant l'assaut de manifestants, et toujours avec cette possibilité technique permanente de viser volontairement au visage, ce qui juridiquement constitue un crime, selon les articles 222-9 et 222-10 du Code pénal.


J'ajoute pour info la chronique de Thomas Legrand ce matin sur France Inter à 7H45, dont je partage l'analyse.

Le modèle français du maintien de l’ordre a donc perdu de son exemplarité.

Oui, et il y a eu une rupture avec l’apparition d’armes de tire, dites non létales, comme les flash-balls et les grenades offensives. Les flash-balls, en particulier, que le ministre de l’Intérieur serait bien inspiré d’interdire aussi. Le maniement de cette arme remet la police dans une position de tir ! C’est une rupture avec le sacrosaint principe du maintien de l’ordre dit « républicain » selon lequel « on ne tire pas sur la foule ». Or, avec le flash-ball, on « tire sur la foule ». Ce simple geste de viser change la philosophie du maintien de l’ordre, change le rapport à l’autorité. Et puis, il provoque de nombreuses blessures dont on parle peu. Il y a déjà plusieurs dizaines de jeunes qui ont perdu un œil ou subi de graves traumatismes à la face. Le flash-ball finira par tuer. De plus, pour empêcher le vandalisme et interpeler les meneurs, des policiers de la BAC, en civil, souvent déguisés en manifestants, s’infiltrent dans les cortèges. Le site d’information écologiste Reporterre.com a mis en lignes ces derniers jours des photos inquiétantes de ces policiers en civil, très violents, dont certains portaient même le foulard à l’effigie de tête de mort. Cette dérive est le signe que la police perd pied en matière de maintien de l’ordre. Comme dans tous les domaines qui régissent les relations entre l’Etat et la population, le maintien de l’ordre a cruellement besoin de procédures plus claires et plus transparentes… c’est-à-dire véritablement plus républicaines. (fin de citation France Inter)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire