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jeudi 1 mai 2014

3 mars 2014 - A propos des aménagements prévus à Nantes

Ne dites pas que c'est à cause de notre action de samedi dernier et de notre communiqué, mais le quotidien Ouest-France devrait publier demain mardi 4 mars en pages locales Nantes une enquête sur le projet d'aménagement de la Petite-Hollande, ce cadre unique et historique d'ouverture vers le grand large.

J'ai eu le journaliste tout à l'heure, très aimable, et je lui ai confirmé nos péripéties de samedi, et le fait que l'une d'entre nous (Olli) a déniché entre temps sur le Bulletin officiel des annonces publiques les noms des deux entreprises d'aménagement qui ont déjà remporté le marché de l'expertise d'urbanisme commercial de ce projet, qui est donc plus qu'avancé, même si on nous cache bien des choses.

Il est à craindre que le marché multiculturel du samedi, un miracle d'équilibre humain, soit provisoirement évacué le temps des travaux (qui seront considérables : il faudra planter des pieux dans l'ancien lit de la Loire, au mépris de la forme profonde de notre ville) et qu'ensuite il soit tentant de ne plus jamais le faire revenir. Sous prétexte de forcer les gens à aller sous les nefs de l'Eléphant. Nous avons appris que des commerçants du quartier Petite Hollande n'osent parfois plus prolonger leur bail, étant dans l'incertitude sur le destin de ce marché du samedi matin, vital pour eux.

Nous avons aussi appris que l'équipe municipale n'a pas fini de fragiliser les habitudes de sociabilité des Nantes et leurs circuits de vie des gens ordinaires : Ainsi, il est question de bétonner le bassin du square Fleuriot, pour construire, encore ! (entre place Royale et Commerce, face au restaurent l'Entrecôte.)

Certes ce bassin n'était pas très joli, mais il était perfectible et offrait une halte tranquille aux gens très pauvres et aux jeunes, qui ont déjà été chassés du Bouffay, suite au rapt hypocrite des halles (dont on nous avait pourtant promis le retour)

Il est à craindre que cet urbanisme à la hussarde, dévoué coûte que coûte à la gentrification bétonnée du centre, ne finisse par provoquer des poches d'angoisse sociale, d'exclusion, et donc de violence et de délinquance. Espérons au moins que ce n'est pas le but recherché.

Par ailleurs, on voit bien l'obsession croissante de nos élites PS à "jouer au lego" avec la ville, comme si nous étions des figurines déplaçables dans un décor interchangeable à volonté, avec ses quartiers dédiés technocratiquement sans souci de l'histoire ni de l'esprit des lieux : quartier des "plaisirs" au Hangar à bananes, quartier de "la création" (ne pas rire) dans le nouveau centre dysneylandisé sur l'Ile, qu'ils n'arrivent pas à animer, quartier de la "santé" (ne pas rire non plus : c'est écrit dans le programme municipal de Johanna Roland : autour du futur hôpital catastrophique, etc).

Ainsi, il est prévu un autre chantier inutile et coûteux : créer un parking pharaonique à l'emplacement de l'Ecole des Beaux-arts déplacée pour loin, dans un lieu pourtant situé juste à côté du parking Decré déjà existant. Comprenne qui pourra. (Espérons au moins que la direction municipale de l'archéologie aura le courage de ne pas détruire ou de bétonner les strates gallo-romaines comme ça a été fait pour les vestiges médiévaux situés sous la cour du Château-des-Ducs et rue des Petites-Ecuries.) Et puis une question : qui paiera tout ça ? Et pourquoi tout ça ?

On ferait mieux avec l'argent public d'apaiser les tensions en allant vers la gratuité des transports pour les scolaires, et de réconcilier vraiment les Nantais avec l'eau fluviale et maritime en créant un vrai réseau de navigation en vaporetto, comme à Venise.

Affaires à suivre.

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