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jeudi 1 mai 2014

15 et 16 avril 2014 - Bilan provisoire de la conférence de presse des blessés par la police du 22 février.

Mutilés lors de la manif anti-aéroport du 22 février. Bilan provisoire de la conférence de presse de ce matin.

Étonnante, cette accoutumance progressive de la presse aux violences policières, ça doit être un signe des temps. Un petit indice : sous le quinquennat de Sarkozy, lorsque le lycéen de Nantes blessé par un Lanceur de balles organisait deux conférences de presse successives, les journaux parisiens Le Monde et Libération se faisaient représenter.

Maintenant qu'il s'agit de trois jeunes mutilés au visage le même jour par la police, ce qui est sans précédent en France, et qu'ils ont le courage de se faire connaître ensemble, ces journaux parisiens ne sont plus là. Et quand à la presse régionale, on vous laisse apprécier (voir les éditions de vos journaux préférés demain mercredi 16 avril 2014).

Pour France 3 ce soir, passez la pub, puis :

http://pays-de-la-loire.france3.fr/emissions/jt-local-1920-estuaire

Le sujet est à 3 minutes et 10 secondes.

On notera cependant cette vidéo de Presse-Océan :

http://www.presseocean.fr/actualite/nantes-les-blesses-de-la-manif-anti-aeroport-veulent-une-information-judiciaire-15-04-2014


Pour ceux qui veulent aller plus loin, voici le lien pour voir et/ou télécharger le dossier de presse
des victimes et de leurs familles : https://drive.google.com/file/d/0B0KDdwPWdHwQOGlqSUwtWWotTnM/edit?usp=sharing
Cliquer sur Menu déroulant "fichier", puis "Télécharger".

Voici également le « Communiqué de presse résumé » qui a été rédigé ce matin.

Collectif de la conférence de presse du 15 avril :

Suite à la manifestation du 22 février à Nantes contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes, et à la mise en place d’un dispositif policier exceptionnel, nous annonçons aujourd’hui 4 plaintes judiciaires : celles des 3 blessés très graves de l’œil lors de la manifestation du 22 février : Quentin, Damien, Emmanuel et celle de Pierre (blessé au LBD à Nantes en novembre 2007) et de sa famille devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.

Ce qui nous est arrivé peut arriver à tout le monde. Nous sommes solidaires de toutes les autres victimes de flash-ball et de LBD. Nous dénonçons la militarisation de la police française, dotée d’armes de guerre (classées catégorie A « armes à feu à usage militaire), et l’extrême violence de la riposte policière menée à Nantes le 22 février, provoquant un nombre sans précédent de blessés graves.

Nous réclamons donc toute la lumière sur ces faits, qui s’apparentent à une grave manipulation de l’opinion publique. Pour cela nous réclamons qu’une enquête judiciaire soit confiée à des juges d’instruction indépendants et que les députés et sénateurs ouvrent une Commission d’enquête parlementaire. Nous y travaillerons unis en solidarité avec toutes et tous.

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Ajoutons également cette dépêche d'agence et plus bas le texte exact de la plainte déposée hier par Emmanuel Derrien.


Voici pour information la dépêche parue sur le fil PressPepper ce jour, suite à la conférence de presse.


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[AUDIO + PHOTO] Nouvelle plainte après les tirs de flash-ball policiers lors de la manifestation contre le projet d'aéroport

NANTES, 15 avril 2014 (PressPepper) - Une cinquième plainte contre X pour "violences volontaires avec arme" a été déposée par un jeune homme blessé le 22 février par un flash-ball policier en marge de la manifestation à Nantes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), a-t-on appris mardi.

Emmanuel Derrien, un cuisinier de 25 ans venu de Landerneau (Finistère) ce jour-là "pour passer un entretien d'embauche et trouver un appartement", a pratiquement perdu l'usage de son oeil droit après avoir été atteint par "un projectile de la police", alors qu'il assistait à la manifestation en "simple spectateur".

Sa plainte s'ajoute à celles de Quentin Torselli, un charpentier de 29 ans, et celle de Damien Tessier, un maçon du même âge, qui ont également perdu l'usage d'un de leurs yeux dans des circonstances similaires.

Gaspard Glanz, un journaliste rennais engagé, avait également déposé plainte après avoir été blessé par les éclats d'une "grenade de désencerclement", tandis qu'Yves Monteil, un photographe nantais, a fait de même après avoir été atteint par un projectile au thorax.

Tous mettent en avant des directives de la Direction centrale de la sécurité publique, qui rappelait dans un rapport en mai 2009 l'interdiction faite aux forces de l'ordre de viser "au niveau du visage ou de la tête" avec de telles armes, ainsi que la nécessité d'une utilisation "proportionnée".

"SENTIMENT D'IMPUNITE" POLICIERE

"Il y a un sentiment d'impunité généralisé dans la police, on veut rompre ce cercle infernal", a dit mardi à PressPepper Pierre Douillard, 24 ans, lui aussi blessé à l'oeil par un tir de "super flash-ball" en 2007 lors d'une manifestation lycéenne. Jugé par le tribunal correctionnel de Nantes, le policier qui l'avait touché avait été relaxé en raison de son "irresponsabilité pénale", n'ayant fait qu'obéir à un ordre de sa hiérarchie.

Depuis, un recours a été déposé devant le tribunal administratif de Nantes pour faire condamner l'Etat et la chaîne de commandement policière dans cette affaire.

"Nous, on suit les blessures depuis 2007, et je n'ai jamais entendu parler de trois mutilations en une seule manifestation... C'est sans précédent", poursuit le jeune homme, pour qui le nombre de victimes parmi les manifestants du 22 février demeure malgré tout sous-estimé.

"Il y a eu plusieurs dizaines de blessés, mais il n'y a eu malheureusement que les plus graves qui se sont manifestés : quand on perd un oeil, on est obligé de se manifester ; tous les autres, ils ont peur de montrer leurs visages, de donner leurs noms", a dit Pierre Douillard. " Il faut rompre cet isolement ; il faut dire à ces personnes que ce n'est pas à elles d'avoir peur, mais à ceux qui tirent sur les manifestants désarmés."

Un collectif informel s'est donc monté autour de ces "blessés du 22 février", dont deux ont déjà été entendus par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Leurs soutiens vont également solliciter les députés et sénateurs de Loire-Atlantique pour obtenir la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le sujet./GF (PressPepper)

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PHOTO : Les trois jeunes hommes blessés lors de la manifestation du 22 février à Nantes ont tenu mardi une conférence de presse commune. De droite à gauche : Quentin Torselli, Emmanuel Derrien et Damien Tessier.

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AUDIO : Pierre Douillard revient sur le "sentiment d'impunité" dont jouissent, selon lui, les policiers

AUDIO : Quentin Torselli, "tiré comme un pigeon", explique pourquoi il continuera à manifester à l'avenir

AUDIO : Emmanuel Derrien raconte comment se sont enchaînés les faits, pour lui, le 22 février
=== PressPepper, le fil d'informations judiciaires www.presspepper.fr


DEPOT DE PLAINTE d'EMMANUEL

Nantes, le 14 avril 2014,

Madame la Procureure de la République, près le TGI de Nantes

Palais de Justice, Quai François-Mitterrand, Nantes

(En recommandé avec AR).

Objet : Dépôt de plainte.


Madame la Procureure,

Comme suite aux violences policières survenues à Nantes le samedi 22 février dernier, au cours de la manifestation contre le projet de construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, j'ai l'honneur par la présente de déposer plainte entre vos mains.

Alors que j'observais la manifestation et les forces de l'ordre aux alentours de l'Hôtel-Dieu de Nantes, vers 17 heures, j'ai reçu au visage un projectile de la police et j'ai dû être hospitalisé plusieurs jours. Je fais partie du nombre exceptionnellement élevé de personnes qui ont été touchées à la tête ce jour-là par un projectile de type balle de gomme envoyée par un Lanceur de balles de défense.

Mon état de santé n'est pas encore consolidé à cette date, mais il s'avère que je risque une infirmité ou incapacité permanente de la vision de l'oeil droit.

Je porte donc plainte contre X, désignant ainsi aussi bien le tireur que les différents niveaux de sa hiérarchie qui l'ont armé et commandé, pour le motif suivant :

« Violence volontaire avec arme », et « complicité de violence volontaire »

avec la triple circonstance aggravante qu’elles ont été commises :

- par un ou des « fonctionnaires en charge de l’autorité publique »,

- dans l’intention de provoquer une mutilation permanente (ce qui est un crime passible des Assises)

- en réunion ou groupe organisé.


J'attire également votre attention, au delà du nombre élevé des victimes, sur plusieurs témoignages et films vidéo qui évoquent un comportement inédit des forces de l'ordre, à l'égard des blessés et des personnes tentant bénévolement de leur porter secours ce jour-là, qui pourrait s'apparenter à une mise en danger de personnes vulnérables, obstruction avec arme à l'assistance aux personnes, traitement cruel et dégradant, au sens des Conventions internationales de défense des Droits de l'Homme.

En conséquence, je vous demande d’ouvrir une enquête sur ces faits, si possible en la confiant à des juges d’instruction.

Je me permets également de vous recommander, à titre provisoire, de prévenir tout de suite la destruction, la dissimulation ou l’altération de preuves nécessaires à la justice, en assurant notamment la saisie immédiate de PV de tirs censés avoir été rédigés par la police et autre corps de force de l’ordre déployés, les traces écrites, photographiques et vidéos des forces de l’ordre (notamment celles des nombreux agents en civils disposés en mission au sein de la manifestation), les documents comptables (entrées-sorties) en munitions des armureries concernées, les dotations, les habilitations à tirer, les formations suivies, etc.

Dans cette attente, je vous prie d'agréer, Madame la Procureure, l'expression de mes sentiments distingués, et je reste bien entendu à votre entière disposition dans la recherche de la vérité.

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